Sophie Dabo est une spécialiste de statistiques. Elle a obtenu sa thèse en 2002 à l'Université Pierre et Marie Curie (Paris) et est actuellement Professeure à l'Université de Lille. Elle y dirige l’axe MéQAME (Méthodes Quantitatives Appliquées au Management et à l’Economie) du laboratoire LEM.
Quand et comment avez-vous choisi les mathématiques ?
J’ai choisi les mathématiques très tôt, dès le secondaire je savais que je voulais faire des mathématiques même si je n’avais pas une idée précise des métiers (autres que l’enseignement) accessibles après des études supérieures en mathématiques
Avez-vous été encouragée par votre famille ou par d'autres personnes autour de vous ?
J’ai été encouragée par mes parents et mes professeurs.
Avez-vous rencontré des obstacles dans votre carrière comme mathématicienne ?
Les obstacles que j’ai rencontrés concernaient particulièrement la conciliation entre mes vies de mère de famille et d'étudiante. J’ai eu trois enfants entre ma première année de master et mes trois années de thèse de doctorat, j’ai dû apprendre à concilier ces deux vies sans interrompre mes études. Cela n’a pas été facile mais avec une volonté très forte de réussir mes études, j’ai pu franchir ces obstacles avec succès et avec l’aide précieuse de mon mari.
Avec le recul, êtes vous heureuse d'avoir choisi les mathématiques ou est ce que vous avez des regrets ?
Je suis totalement heureuse d’avoir choisi les mathématiques, même si ce n’est pas facile tous les jours de mener une carrière d’enseignante-chercheuse en mathématiques sans négliger la vie de famille.
Quelles sont pour vous les joies des mathématiques?
Mes principales joies sont de transmettre ma passion des mathématiques à des étudiant(e)s, de les voir réussir, et la joie d’aboutir à des résultats intéressants et les publier après avoir travaillé activement pendant plusieurs mois.
Quelles sont pour vous les difficultés des mathématiques ?
Pour moi, la principale difficulté des mathématiques est le fait qu’elles peuvent être parfois très abstraites, quand j’étudie un domaine des mathématiques j’ai besoin de savoir à quoi il s’applique, ce qui n’est pas toujours évident.
Pouvez-vous écrire quelques lignes compréhensibles par un non spécialiste qui décrive votre demande de recherche et la réussite qui vous tient le plus à coeur en mathématiques ?
La statistique mobilise des outils permettant d’analyser, de modéliser des données, de mettre en place des procédures numériques de traitement de l’information,…
Elle est impliquée dans tous les niveaux de la production et de la connaissance des données et garantit la qualité et la pertinence des informations produites.
Vous êtes membres de la diaspora africaine en France, avez- vous des activités mathématiques en Afrique ?
J’ai encadré (ou encadre actuellement) des thèses de doctorat de plusieurs étudiant(e)s africain(e)s inscrit(e)s en Afrique (universités de Dakar et St-Louis du Sénégal, université de France-Ville du Gabon, universités de Constantine et Sidi Bel Abbes d’Algérie, université des Comores) ou inscrits en co-tutelle avec l’université de Lille. Je collabore avec des collègues (en poste dans ces universités africaines) avec qui je co-encadre ces doctorant(e)s.
J’ai ainsi introduit la spécialité « Statistique spatiale » dans les universités de St-Louis et de Dakar en co-encadrant les premiers doctorants sénégalais et mauritaniens spécialisés dans ce domaine. Je donne depuis 2007 des cours de niveau master en Statistique dans certaines de ces universités particulièrement celles du Sénégal et ceci pendant l’année scolaire ou mes vacances d’été que je passe régulièrement au Sénégal.
Je suis à l’origine de la convention cadre de coopération entre les universités de St-Louis du Sénégal et de Lille (Lille1, Lille 2 et Lille 3) en 2010. A la rentrée 2015, j’ai mis en place avec des collègues des universités de Dakar et de Lille, un double diplôme en Master de Statistique et Informatique permettant à des étudiant(e)s africain(e)s et français(e)s inscrit(e)s dans leur université d’origine d’avoir un double diplôme français et sénégalais sans nécessairement effectuer une mobilité dans l’université partenaire.
Je participe régulièrement à des jurys de thèse en Afrique. Je co-organise des manifestations scientifiques en Afrique, dont une école CIMPA qui aura lieu en avril 2016 au Sénégal.
Quelles sont vos actions pour la promotion des mathématiques auprès des jeunes filles africaines ?
Nous (des amies et moi même) avons organisé une journée "filles et sciences ; une équation lumineuse" en mars 2014 à Dakar au Sénégal et nous projetons d’en organiser d’autres un peu partout en Afrique au moins une fois par an.
Nous avons en projet l’organisation de manifestations scientifiques permettant de promouvoir les mathématiques auprès des jeunes filles, le parrainage de jeunes filles africaines pour les aider à poursuivre des études en mathématiques en Afrique ou en France.
Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes africaines qui veulent choisir de faire des études et une carrière en mathématiques ?
Ayez confiance en vous, à force de persévérance, rien ni personne ne peut vous empêcher de poursuivre des études et une carrière en mathématiques.